750 grammes
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Bienvenue à l'épicerie italienne RAP de Paris, chez Alessandra Pierini.
12 juin 2013

Que boit-on en Calabre?

calabre

Magliocco, nerello cappuccio, gaglioppo, greco bianco, pecorello, greco nero, calabrese, nero d'Avola, mantonico, negrello, trebbiano, malvasia, fiano, aglianico … Les Calabrais vous certifieront qu'ils détiennent le record avec quelques 1 000 cépages autochtones. Au diable les analyses ADN qui les démentent! Un Marseillais ne compterait pas mieux! Dans la foulée, ils vous parlent de l'héritage viticole de la Magna Græcia, dont Crotone (Kroton) la Calabraise était la capitale. Il y a un peu moins de trois mille ans, les Grecs auraient accosté en Calabre avec des pieds de vigne dans leurs soutes (les noms de certains cépages en gardent la trace étymologique). Trois mille ans! Qui dit mieux? « On fait du vin en Calabre depuis … quatre mille ans! », lance un « spécialiste » qu'un historien récuserait sur le champ. « Voyez-vous ce sont les Phéniciens, bien avant les Grecs, qui nous ont apporté la vigne! », rajoute-t-il bravache à notre intention.

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Pour cette 4e édition du salon professionnel du SIAFT (Southern Italy Agri-Food Tourism) autour du vin qui se tient à Cosenza, la chambre de commerce de Calabre s'est mise au diapason de la tendance viticole avec pour maître mot, le « terroir ». D'où le terroir tire-t-il sa valeur? De sa géologie, son climat, son histoire, de la culture et de la … génétique! En Calabre comme ailleurs, on retrouve et réhabilite des cépages disparus. Le Magliocco, cépage autochtone aux tanins puissants, avait presque complètement disparu. Il a aujourd'hui son « Accademia ». Les professionnels du secteur fondent sur lui de grands espoirs, promesse de grands vins calabrais à naître. Après le mot de bienvenu du président de toutes les chambres de commerce calabraises réunies, du président de celle de Cosenza, du président de l'Accademia del Magliocco, de la représentante de la chambre de commerce italienne de Varsovie … et une pause café à l'ombre des parasols du jardin suspendu de l'hôtel au cours de laquelle certains acheteurs allemands montrent des signes d'impatience, la dégustation peut commencer. Invitée par la chambre de commerce italienne de Marseille, Alessandra m'a délégué pour représenter RAP et chasser la perle rare. La journée s'annonce chargée. Les organisateurs m'ont préparé un agenda de ministre : 13 vignerons à rencontrer, ce qui signifie au bas mot le triple de vins à déguster! Un véritable marathon vinique pour une iconoclaste que le crachoir rebute. Sans compter le voyage de la veille qui ne fut pas de tout repos... Pour la première fois - « Il faut bien une première fois à tout! » m'a rassuré Alessandra – j'ai raté l'avion! Et, la Calabre n'étant pas l'endroit le mieux déservi qui soit, le voyage jusqu'à Hong Kong n'aurait pas été plus long! L'angoisse de l'inéluctable gueule de bois – simple question de temps – est dissipée par la présence de Lucia. Lucia est la jeune interprète sicilienne que m'ont attribué les organisateurs. L'épreuve supplémentaire de la langue me sera épargnée. La matinée se passe. Les vins sont dans l'ensemble de bonne tenue. Et puis soudain, la voilà, la perle rare! Cachés au fond de la salle, les vins de ce petit domaine de la Basilicate voisine pourraient presque passer inaperçus au dégustateur distrait. Pourtant, le blanc minéral aux senteurs d'anis, assemblage de Moscato et de Malvesia, et le rouge profond 100% Aglianico del Vulture (cépage surnommé le Barolo du sud) trahissent le grand vigneron. Assis derrière son pupitre, l'homme est peu disert. Il a de larges mains de paysan comme j'en ai rarement vu, faites pour travailler la terre. Il reste placide devant mon enthousiasme débordant, mais m'offre de bon cœur trois bouteilles. Lorsque je repasse les chercher, le vigneron taciturne s'est mué en homme pressant me lançant une invitation à diner en même temps que l'heure à laquelle il passera me prendre sans se préoccuper de la réponse. « Au secours Lucia! ». « Il n'y a qu'une chose à lui dire : NO! », me lance-t-elle avant de disparaître. La journée à peine terminée, nos petites interprètes sont aussitôt reparties sur Palerme. Je n'ai manifestement pas réussi à me faire comprendre. A l'heure dite, le voilà qui tambourine déjà à ma chambre. J'ai juste le temps d'attraper mon sac, sans penser à prendre mon téléphone (au cas ou...) ni prévenir quiconque. A la grâce de dieu! Me voilà filant en compagnie d'un parfait inconnu à travers bois sur une des dernières « strade bianche » (routes non-asphaltées) d'Italie. Il faudra un bon quart d'heure avant d'apercevoir les lumières d'un ancien pressoir transformé en auberge, dont nous serons les seuls clients ce soir là. Pouvez-vous imaginer l'Italie sans monde partout? Et, comme si je n'avais pas assez bu, je me surprend à porter à mes lèvres le verre de rosato (rosé) qu'on me tend, seul vin qui ne vaut vraiment pas un clou dans le coin! Pour tenter de reprendre en main une situation qui m'a depuis longtemps complètement échappée, je tente un sujet qui me semble sans équivoque : la politique italienne! Mon stratagème ne prend pas. « Vous êtes vraiment à mon goût! » - ou quelque chose d'approchant – me susurre le vigneron avant de joindre le geste à la parole et tenter de me voler un baiser. Que faire? Je ne peux pas le planter là. Je ne me souviens même pas du nom de l'hôtel! Je repense à Lucia et lui adresse alors un « no! » qui ne prête plus à aucune confusion. Nous finirons pas retrouver l'hôtel après avoir erré un moment dans un pays complètement désert! En rentrant, je tombe sur mes nouveaux amis allemands inquiets de ma disparition et suis contrainte de leur raconter ma soirée. Dans la cage d'escalier vers les chambres, deux polonais tiennent compagnie à une jeune importatrice japonaise aussi fraîche que moi. Ils me proposent un dernier verre. Au point ou j'en suis! J'accepte une Grappa parmi la dizaine de verres qui occupent le plateau posé à leurs pieds. « Le plus dur, c'est la première bouteille », m'assure celui que tout le monde appelle déjà Martin. Ah! Vraiment? Je n'en suis pas si sûre... N.B. L'épicerie RAP dispose d'une des plus belles caves italiennes de la capitale avec une trentaines de références de vins du Sud de la péninsule (principalement de Sicile ... pour l'instant!).

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